top of page
Post: Blog

Débattre… c’est ne pas se battre


Quand la parole devient un chemin de paix
Quand la parole devient un chemin de paix

Il y a dans notre langue cette étrange proximité entre deux mots : débattre et se battre.

Deux verbes qui partagent des consonances, presque des muscles. Mais dont l’esprit, lui, se détache radicalement.


Se battre, c’est imposer, renverser, abattre parfois. C’est un choc, une tension à l’état brut, un affrontement souvent mu par la peur, la colère ou le désespoir.

Débattre, au contraire, c’est poser, déposer, exposer. C’est ouvrir une brèche dans l’opinion pour laisser passer une lumière nouvelle. C’est un acte de confiance dans le langage et dans l’humanité de l’autre.


Nous avons oublié cela.


Nous avons confondu débat et duel, dialogue et combat, divergence et agression.

Comme si penser autrement, c’était déjà trahir, menacer, détruire.

Comme si le désaccord était un danger, et non une richesse.


Pourtant, débattre, c’est l’un des plus beaux gestes que peut offrir une intelligence éveillée.

C’est dire à l’autre : « Je te respecte assez pour te répondre. »

C’est tendre son idée comme on tend la main : non pour convaincre à tout prix, mais pour construire un peu de sens entre deux regards qui ne voient pas tout à fait la même chose.


Il y a dans l’acte de débattre une forme de paix active.

Un refus du silence imposé, mais aussi de la violence gratuite.

Débattre, c’est une danse, pas une bagarre. Cela suppose un rythme, une écoute, une attention. Cela exige de quitter l’arène de l’ego pour entrer dans le cercle de la pensée partagée. Et cela demande du courage — oui, du courage — car il faut être fort pour ne pas hurler, et humble pour admettre qu’on pourrait apprendre.

Dans les écoles, dans les familles, dans les entreprises, on débat trop peu, ou mal.

On oppose des certitudes comme on lancerait des pierres.

On attend son tour pour parler sans avoir vraiment entendu.

On réagit au lieu de répondre.

Et l’on confond souvent volume et force, autorité et vérité.


Mais il est encore temps de réapprendre.

Réapprendre à écouter vraiment, non pour répliquer mais pour comprendre.

Réapprendre à dire « je ne sais pas » sans honte.

Réapprendre à s’opposer sans s’annuler.

Réapprendre que penser différemment, c’est souvent le premier pas vers une pensée plus vaste.


Débattre, ce n’est pas gagner.

Ce n’est même pas convaincre.

C’est tisser, au fil des mots, une trame commune — même si fragile, même si inachevée — sur laquelle nos désaccords peuvent cohabiter sans se détruire.

Débattre… c’est ne pas se battre.

C’est préférer la tension féconde au choc stérile.


C’est croire encore que la parole peut guérir ce que la violence abîme.Et dans un monde où tant d’échanges sont devenus cris, slogans ou silences pleins de rancune, c’est un acte profondément révolutionnaire

コメント


©2021 par Laurent. Créé avec Wix.com

bottom of page