De la crise … l’écrit se tisse
- laurentpages06
- 1 mai
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 mai
✨ Avant d’entrer…
Il y a des mots qui naissent dans les fractures. Des phrases qui se frayent un chemin là où tout semblait s’écrouler.Ce texte est tissé de cette matière-là. Celle des silences brisés, des remises en question, des passages sans nom.La crise n’est pas seulement une rupture.Elle est aussi cette main invisible qui défait les nœuds pour que quelque chose de plus vrai puisse s’écrire.
Lire ces lignes, c’est peut-être reconnaître en soi un fil encore vivant, prêt à reprendre le tissage.Pas celui d’une histoire parfaite, mais celui d’une vérité intérieure qui cherche sa voix.

Et si la crise était une porte ?
Il y a des moments où tout semble se dérober sous nos pieds.
Nous avançons dans la vie, guidés par des projets, des liens, des certitudes… et soudain, tout vacille.
Parfois, c’est une remise en question inattendue, un événement qui bouleverse notre quotidien, ou un simple sentiment diffus : celui de ne plus savoir où l’on va.
Ces instants de trouble, qu’on nomme “crises”, jalonnent notre existence. À chaque étape, elles surgissent — souvent sans prévenir — et nous laissent face à des questions vertigineuses :
-Qui suis-je ?
-Où vais-je ?
-Et que reste-t-il de ce que je croyais être ?
Peut-être avez-vous déjà ressenti ce besoin impérieux de tout revoir : votre travail, vos relations, vos croyances… Peut-être une rupture, un changement brutal, ou une fatigue profonde vous a-t-il forcé à regarder en vous ce qui, jusque-là, était resté enfoui.
Ces périodes sont douloureuses, oui, mais elles portent en elles une puissance secrète : celle de la transformation.
En vérité, la crise est une langue que la vie parle quand elle veut nous éveiller.
Elle peut prendre la forme d’un adolescent en quête de lui-même, aux prises avec ses premières révoltes, ses amours maladroites et cette immense question d’identité. Elle peut ressurgir un peu plus tard, à l’âge où l’on croit devoir « réussir », lorsque les attentes sociales viennent se heurter à notre réalité intérieure, semant le doute : suis-je vraiment sur la bonne voie ?
Puis arrive parfois ce que l’on appelle la crise de la trentaine ou de la quarantaine, où les choix passés s’entrechoquent avec les désirs enfouis. On se retourne sur son histoire, on en mesure la distance avec ses rêves. C’est un temps de bilan, parfois de vertige, mais aussi d’éveil.
Plus tard encore, au moment du départ à la retraite, une autre crise peut s’ouvrir. Elle prend la forme d’un grand vide, d’un silence, d’une perte d’utilité apparente. Mais elle peut aussi devenir un appel : celui de retrouver ce qu’on avait oublié, ou différé trop longtemps.
D’autres fois, la crise n’attend pas une étape précise. Elle surgit à la faveur d’un bouleversement : une séparation, un deuil, un déménagement, une maladie, une perte d’emploi.
Elle peut venir fissurer les fondations du couple, bousculer les liens familiaux, ébranler notre identité professionnelle.
Elle peut surgir du corps, quand il dit ce que la bouche tait.
Elle peut naître d’un silence spirituel, quand nos croyances s’éloignent de nous et que le sens de la vie devient flou.
Certaines crises sont d’ordre intime, d’autres résonnent avec le monde.
Les crises d’intégration, quand on doit renaître dans une autre culture. Les reconversions radicales qui exigent de se réinventer.
L’éco-anxiété, qui serre la gorge de celles et ceux qui regardent l’avenir de la planète avec inquiétude.
Ou encore, cette étrange crise contemporaine face aux technologies, où l’humain ne sait plus très bien s’il avance ou s’il s’efface.
Mais malgré leur diversité, toutes ces crises ont un point commun : elles nous demandent de traverser.
Elles nous forcent à quitter ce que nous pensions acquis. Elles nous poussent à faire le tri, à nous délester du superflu.
Elles détruisent parfois, oui. Mais ce qu’elles détruisent, ce n’est pas nous. Ce sont les couches accumulées, les costumes trop étroits, les certitudes trop lourdes.
Et ce qu’elles révèlent… c’est l’espace de notre vérité nue.
Derrière la rupture, une naissance
Il est naturel de vouloir éviter la crise.
Elle fait peur, elle trouble, elle isole.
Elle défait.
Mais c’est justement parce qu’elle défait qu’elle permet.
Elle ouvre. Elle prépare un terrain nouveau, encore vierge.
Comme la graine qui se fend sous terre sans lumière, ou la peau qui se tend avant de se rompre, la crise est une forme de tension vitale.
Elle n’est pas contre nous : elle est en nous, comme un passage, de pas sage à passage
Et ce passage, aussi étroit et inconfortable soit-il, conduit quelque part, par une voie d’apprentissage de soi, sur soi à travers les autres et ainsi l’apprenti que nous sommes devient sage au fil du temps, au fil de la vie.
Car derrière la rupture, il y a souvent une naissance.
Un recommencement. Une rencontre avec une version de nous plus essentielle, plus juste, parfois plus fragile, mais aussi plus libre.
Le mot “crise”, issu du grec krisis, signifie “moment de décision”.
C’est un carrefour.
Ce n’est pas une fin, mais un point de bascule.
Un instant suspendu entre l’ancien et le possible.
Et dans cet espace, il n’est plus question de revenir en arrière.
On ne revient pas à soi.
On se rencontre— On se découvre une partie de soi, peut-être pour la première fois, on en apprends un peu plus sur nous, à travers ce que nous vivons.
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📝Note:
J’écris ce texte pour ceux qui vacillent, pour ceux qui doutent, pour ceux qui croient être perdus.
Non, vous ne l’êtes pas.
Vous êtes peut-être simplement en train de franchir un seuil que vous ne voyez pas encore.
Que la crise vous dépouille, qu’elle vous écorche, mais qu’elle vous révèle.
Et surtout : ne confondez pas la fin de quelque chose avec la fin de tout.
Car parfois, ce que l’on croit être une chute est simplement le début d’une autre façon de marcher.
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